Les Comités  du Souvenir Français Savoie

Janvier 2020 - Chambéry La Rotonde

76ème anniversaire de l’arrestation et de la déportation de résistants cheminots

Il y a 76 ans, le 2 février 1944, les forces nazies et la milice de Vichy procédaient à l’arrestation de 14 agents de la SNCF à Chambéry. Un dernier, Étienne Caillet (chef de trentaine), a été arrêté le 6 janvier 44, il n'a pas écouté les conseils de Maurice Elou, un autre compagnon d’Émile Vincent, car tous les deux étaient attendu au dépôt. Il a été emmené à la caserne Curial et pendant tout le mois de janvier il a été torturé. Il avait été soupçonné par les autres d'avoir parlé mais il n'y avait pas de preuve si bien au camp il n'avait aucun soutien et il avait que 19 ans. Sur ces quinze hommes rassemblés à Compiègne et déportés au sinistre camp de la mort de Mauthausen, huit ne sont jamais revenus. Vendredi, une cérémonie hommage s’est déroulée au pied de la stèle édifiée à l’entrée du TechniCentre SNCF à Chambéry.

Présidée par Jean Michel Doose, directeur de cabinet du préfet de la Savoie et Josiane Beaud, 1ère adjoint à la ville de Chambéry, cette cérémonie du souvenir s’est déroulée en présence de  Christian Petit, directeur du TechniCentre Auvergne-Rhône-Alpes SNCF Mobilités, de personnalités élus et institutionnels, d’agents de la SNCF et de nombreux drapeaux, étendards ou emblèmes du Souvenir Français et des associations en charge du devoir de mémoire. Après avoir souligné que cette cérémonie en hommage à des cheminots déportés s’inscrivait parfaitement dans le contexte national des commémorations de libérations des camps nazis, Henri Gottero, président du réseau Sud Est de la Fédération nationale des cheminots anciens combattants a souhaité rappelé la mémoire de Louis Armand. 

Haut savoyard, né à Cruzeilles, dont le patronyme est définitivement attaché à un lycée implanté sur les Hauts de Chambéry, Louis Armand sera un résistant de la 1ère heure. En 1943 il fonde le réseau ‘Résistance-fer’ et remplace Jean-Guy Bernard à la tête du NAP-Fer. Les renseignements fournis aux alliés par le NAP-Fer vont avoir une importance considérable. Louis Armand qui est depuis le début de l'année 1944 chef du service du matériel et de la traction pour la Région ouest- participe également à la mise sur pied du ‘Plan Vert’ prévoyant les sabotages et la paralysie des transports ferroviaires pour le jour J. Soupçonné, il est arrêté le 24 juin 1944 et figure pendant trois semaines sur la liste des otages à Fresnes. A la libération, cet ingénieur de l'Ecole des Mines effectuera une brillante carrière à la SNCF. Il sera un des acteurs de l’électrification  du réseau français, fera adopter le système d'attelage automatique et modernisera la signalisation.

En Savoie, Louis Armand sera à l’origine de la création d’un service régulier entre Modane et Bardonecchia. Durant la seconde guerre mondiale la SNCF paiera le prix fort avec 809 fusillés, 1157 morts en déportation et 8 938 morts pour la France. La manifestation patriotique s’est poursuivie par l’appel des morts, le dépôt de quatre gerbes, une minute de recueillement et l’exécution de notre hymne national. GJ

Discours de monsieur Henri Gottero

Mesdames, Messieurs, cette cérémonie se déroule alors que la France commémore le 75ème anniversaire de la libération des camps de concentration. Cette année 2020 sera ponctuée de nombreux anniversaires dont beaucoup concernent l’Histoire de la seconde guerre mondiale, je citerai :le 80 ème anniversaire de l’Appel du 18 juin 40 lancé à Londres par De Gaulle, le 75 ème anniversaire de la libération du 8 mai 1945. Mais aujourd’hui permettez-moi de rendre hommage à cet illustre Haut-Savoyard, né il y a tout juste 115 ans, le 17 janvier 1905 à Cruseilles (Haute-Savoie) : je veux parler de Louis Armand. Issue d’une famille d'instituteurs, iI fait ses études au lycée d'Annecy, puis au lycée du Parc à Lyon. Il prépare le concours de l'Ecole polytechnique qu'il intègre en 1924 avec la deuxième place. Il est ensuite ingénieur de l'Ecole des Mines dont il sort major. Il fait son service militaire dans l'Artillerie à 21 ans.

Ingénieur des Mines à Clermont-Ferrand, il entre en 1934 à la compagnie de chemin de fer PLM et devient en 1938 l'un des cadres de la nouvelle SNCF. Chef de la division de la traction pour la région sud-ouest à la SNCF, Louis Armand est mobilisé sur place lors de la déclaration de guerre de septembre 1939. Il entre dans la Résistance en collectant des renseignements qu'il transmet par différents canaux. Après avoir refusé en 1942 le poste de secrétaire général de l'Industrie proposé par Pierre Laval, il va préparer l'action des cheminots sur l'ensemble du territoire. Entré en contact au printemps 1943 avec Jean-Guy Bernard, responsable dela section "Fer" du Noyautage des Administrations publiques, Louis Armand A la suite de négociations menées avec l'aide d'un agent de l'Intelligence Service, il échappe à la déportation et est relâché le 18 août par les Allemands en vertu des accords Choltitz-Nordling concernant les prisonniers de Paris et de la région parisienne. En 1945, la navette “auto”, c’est ainsi qu’elle se nommait, sera un élément très important dans l’amélioration de la communication avec l’ITALIE, particulièrement l’hiver. Cette navette fonctionnera jusqu’à la mise en service du tunnel du Fréjus le 12 juillet 1980.

Titulaire de nombreuses distinctions, Louis Armand sera notamment : Grand officier de la Légion d’Honneur, Compagnon de la Libération, Croix de Guerre 1939-45, Commandeur des Palmes Académiques, Commandeur de l’Ordre de l’Empire Britannique. Louis Armand est décédé le 30 août 1971 à Villers-sur-Mer (Calvados). Il est inhumé à Cruseilles en Haute-Savoie.

Mesdames, Messieurs, par cet hommage à Louis Armand, nous rappelons la contribution majeure de la SNCF, de ses cadres, de tous les Cheminots, pour la sauvegarde de notre liberté et de nos valeurs, aux heures sombres de notre Histoire. Il y a quelques semaines, je visitais en Californie le train de la reconnaissance française pour l’aide à la reconstruction de la France avec le plan Marshall. Ce train composé de 49 wagons chargés de produits typiques des régions Françaises, débarquait à NEW YORK en février 1948. Ma visite m’a permis de mesurer combien cette action de reconnaissance est encore source d’amitiés aujourd’hui.

En ces temps difficiles les repères de notre société semblent s’effacer, certaines théories revisitent dangereusement notre Histoire, et traversent notre société en y semant parfois la violence, la haine de l’autre, l’antisémitisme, le racisme. Que toutes les bonnes volontés continuent ensemble de défendre l’héritage reçu sans ne rien oublier.