Centenaire du Soldat Inconnu

11 novembre 1920 - 11 novembre 2020

Le Soldat Inconnu et l’Arc de Triomphe à Paris1 A Thin dépose le bouquet

En ce 11 novembre 2020, nous commémorons le 102e anniversaire de la fin de la 1e Guerre Mondiale mais également le 100e anniversaire de la tombe du Soldat Inconnu le 11 novembre 1920, sous l’arc de Triomphe.

Pourtant son histoire est peu connue.

On ne sait pas qui il est, ni où et comment il est mort. Tout ce qu’on sait, c’est qu’il est mort pour la France, quelque part sur le front, un jour de l’une de ces quatre terribles années de guerre.

Après la signature de l'Armistice à Rethondes, dans l’Oise, le 11 novembre 1918, la France entame une longue période de deuil : 1,4 million soldats sont morts ou disparus, 3,6 millions sont blessés, plus de 500.000 ont été faits prisonniers. Les corps des soldats sont rassemblés et inhumés dans des cimetières militaires et des nécropoles nationales, comme Notre-Dame-de-Lorette, dans le Pas-de-Calais, ou Douaumont, dans la Meuse.

Les ossuaires regroupent les corps non identifiés. Toutes les communes élèvent des monuments aux Morts.

Le 20 novembre 1916, alors que la bataille de Verdun fait encore rage, le président du Souvenir Français de Rennes, Francis Simon, suggère que la France honore, au Panthéon, à Paris, un soldat mort pour la Patrie. L'idée est ainsi lancée.

En novembre 1918, puis en septembre 1919, deux propositions de loi suggèreront l’inhumation d’un soldat anonyme au Panthéon. Restée sans suite, cette idée sera reprise quelques jours avant l’anniversaire de l’armistice, à la fin du moins d’octobre 1920, sous l’influence de l’exemple britannique. En effet, un « tommy » inconnu a été enterré à l’abbaye de Westminster, nécropole royale britannique. Une délégation de députés s’efforcera donc de convaincre le président du Conseil.

Une campagne de presse conquerra l’opinion.

Le 8 novembre 1920, les députés votent une loi à l'unanimité afin que les honneurs du Panthéon soient rendus aux restes d'un des soldats non identifiés « mort au champ d'honneur » et sa dépouille sera inhumée sous l'Arc de Triomphe.

On émet alors, l’idée de choisir un soldat mort au Champ d’Honneur et dont le corps n’a pu être identifié, afin de rendre hommage à tous ceux qui ont disparu en défendant la patrie et dont on n’a pu reconnaître la dépouille. L’idée est reprise par la presse. 

André Maginot alors ministre des Pensions, préside la cérémonie de choix du soldat à inhumer. Lui-même ancien combattant grand blessé de guerre, il choisit la citadelle souterraine de Verdun comme lieu de la cérémonie.

Huit corps de soldats non identifiés, recueillis dans les différents secteurs du front seront alors transportés dans la citadelle de Verdun. Le 10 novembre 1920, les cercueils sont placés sur deux colonnes de quatre dans une chapelle ardente dont la garde d'honneur est confiée à une compagnie du 132è régiment d'infanterie.

Le 10 novembre 1920, la cérémonie solennelle a lieu. Le ministre s'avance alors vers un des jeunes soldats qui assure la garde d'honneur.

 On recherchait « un ancien poilu de 2ème classe, le plus méritant possible ».

Ce sera Auguste Thin*, deuxième classe du 132è régiment d’infanterie, engagé volontaire à Lisieux, le 3 janvier 1918, à l’âge de 19 ans, de la classe 1919, pupille de la Nation, gazé en Champagne, fils d'un combattant disparu pendant la guerre

Mais c’est en effet lui qui sera choisi pour désigner le cercueil qui sera celui du « Soldat inconnu ».

André Maginot lui tend un bouquet d'œillets blancs et rouges et lui expose le principe de la désignation : le cercueil sur lequel ce jeune soldat déposera le bouquet sera transféré à Paris et inhumé sous l'arc de triomphe.

Partant par la droite, Auguste Thin fait un tour, puis longe les quatre cercueils de droite, tourne à gauche, passe devant le 5è et s'arrête devant le 6è cercueil, sur lequel il dépose son bouquet, puis se fige au garde-à-vous.

Auguste Thin expliquera par la suite son choix : « Il me vint une pensée simple. J’appartiens au 6è corps. En additionnant les chiffres de mon régiment, le 132, c’est également le chiffre 6 que je retiens. Ma décision est prise : ce sera le 6è cercueil que je rencontrerai. » 

Le 11 novembre 1920, le cercueil partira pour Paris. Après une cérémonie émouvante au Panthéon, ce cercueil est déposé dans l'une des salles de l'Arc de Triomphe aménagée en chapelle ardente. Le 28 janvier 1921, Le « Soldat inconnu » sera inhumé dans un caveau sous l'arche principale face aux Champs-Élysées

Les sept autres soldats inconnus resté à la citadelle, ceux auxquels le destin a refusé la gloire, seront inhumés dans sept tombes anonymes au cimetière du faubourg Paué, à Verdun.

Auguste Thin* : Né à Saint-Vaast-la-Hougue en 1899 – Décédé le 10 avril 1982.

La Flamme du Souvenir

La flamme du souvenir n’est adoptée que deux ans plus tard, en 1923.

L’idée d’un éclairage de la tombe du « Soldat inconnu », plusieurs fois évoquée – par le sculpteur Grégoire Calvet et par le Conseil municipal de Paris – est relancée par le journaliste de L’Intransigeant, Gabriel Boissy. Ils imaginent qu'une Flamme du Souvenir veille nuit et jour sur la tombe sacrée : Une flamme perpétuelle.

La presse joue encore une fois un rôle déterminant dans la mobilisation de l’opinion et la prise de décision du gouvernement. L’association La Flamme sous l’Arc de Triomphe, présidée par Jacques Péricard, propose alors le système encore en vigueur : chaque soir à 18 h 30, depuis le 11 novembre 1923, Une cérémonie solennelle de ravivage y est organisée. Elle sera allumée par André Maginot, alors ministre de la Guerre.

Depuis cette date, la Flamme ne s'est jamais éteinte.

La Flamme du Souvenir et le tombeau du « Soldat inconnu » sont aujourd'hui le symbole du sacrifice de tous ceux qui sont morts sur les champs de bataille pour que nous vivions dans un pays libre. La Flamme est également devenue, depuis la Seconde Guerre mondiale, le symbole de l'espérance dans l'avenir et de foi dans le destin de notre pays.

Elle brûle devant le tombeau du Soldat inconnu comme un perpétuel souvenir de ceux qui ont donné leur vie pour la France.

La flamme éternelle qui brûle sous le monument symbolise la permanence de ce devoir de mémoire. Elle perpétue le souvenir de tous ces morts pour la France dont on n’a pu identifier la dépouille.

Pour les jeunes générations, participer à la cérémonie de Ravivage de la Flamme est avant tout un devoir de mémoire et un geste citoyen. Par leur présence, elles témoignent de leur volonté à entrer dans la communauté de citoyens dont ils seront bientôt les forces vives.

Honneur à tous nos Anciens !

A eux l’immortalité, à nous le souvenir !

Vive la France

FM/JYS

 

Sources : Ministère des Armées/Domenico Morano - Direction : DICOD/Neurdein / Roger-Viollet

Sources : Association La Flamme sous l'Arc de Triomphe - https://www.laflammesouslarcdetriomphe.org

 Photos

1 / Le trajet du soldat inconnu jusqu'à la gare de Verdun, après le choix du corps par le caporal Thin. (©)

2 … Cérémonie de la journée de l’armistice à l’arc de triomphe, au sommet des Champs-Élysées, Paris. © Getty - Gilles Bassignac